LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE : LA RACINE DU MAL - LE MAL ENRACINE
Au début, ce sont seulement les mots.
Ça commence toujours comme ça : des mots plus ou moins doux, des mots qui correspondent à ce qu'elles attendent et puis soudain, sans que rien ne le laisse présager, la petite musique de la tendresse se grippe et sous le compliment apparaissent les mots qui blessent, qui humilient, qui harcèlent, qui menacent, qui dénigrent. Ces mots qui finissent par annihiler la personnalité de l'Autre, le détruisent.
La violence psychologique est la racine du mal. Sans une préparation psychique destinée à la soumettre, aucune femme n'accepterait les coups. Et c'est cette préparation psychique, cette pression psychologique, cette violence des mots créant une situation de domination, qui conduisent de manière irréversible, à la destruction morale d'un être, et à la violence des coups. Les coups suivent, parfois le viol, et, souvent, beaucoup trop souvent, arrive la fin, la mort. Tout cela paraît bien courant, bien banal, une espèce de fatalité dont seraient victimes les femmes de toute éternité.
Mais nous savons qu'il s'agit là d'une situation sociale aussi intolérable que le sont le viol et le meurtre en dehors du périmètre familial. Car, bien sûr, c'est dans la famille que ces crimes du quotidien ont lieu, ces " drames familiaux ". Depuis plusieurs années, je me bats pour faire reconnaître le "Délit de violences conjugales à caractère psychologique", car je sais que ces violences sont en amont de toutes les violences au sein du couple. Si l'on veut lutter contre les violences faites aux femmes, c'est cette violence précisément qu'il faut combattre. Alors je devrais être satisfaite, me réjouir de ce que le législateur se soit saisi de ce sujet. Je me réjouis, certes, mais, voyant le chemin choisi par les acteurs politiques, judiciaires, je suis très inquiète de ce que je peux constater dans la pratique. Car faire une loi, c'est bien. Qu'elle soit applicable et appliquée, c'est mieux. Le délit, tel qu'il existe aujourd'hui, ne prend pas en compte la réalité des violences à caractère psychologique, en laissant " au bon sens " du magistrat la définition des termes du délit. Outre le fait que le délit soit de ce fait inconstitutionnel, ce dont les pouvoirs législatifs et exécutifs ont l'air de parfaitement s'accommoder, cela conduit, inévitablement à une application des plus dramatiquement médiocre.