Δευτέρα 28 Οκτωβρίου 2013

Η ΨΥΧΟΛΟΓΙΚΗ ΒΙΑ: Η ΡΙΖΑ ΤΟΥ ΚΑΚΟΥ - ΤΟ ΡΙΖΩΜΕΝΟ ΚΑΚΟ (Στα γαλλικά)

LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE : LA RACINE DU MAL - LE MAL ENRACINE 

Au début, ce sont seulement les mots. 
Ça commence toujours comme ça : des mots plus ou moins doux, des mots qui correspondent à ce qu'elles attendent et puis soudain, sans que rien ne le laisse présager, la petite musique de la tendresse se grippe et sous le compliment apparaissent les mots qui blessent, qui humilient, qui harcèlent, qui menacent, qui dénigrent. Ces mots qui finissent par annihiler la personnalité de l'Autre, le détruisent. 
La violence psychologique est la racine du mal. Sans une préparation psychique destinée à la soumettre, aucune femme n'accepterait les coups. Et c'est cette préparation psychique, cette pression psychologique, cette violence des mots créant une situation de domination, qui conduisent de manière irréversible, à la destruction morale d'un être, et à la violence des coups. Les coups suivent, parfois le viol, et, souvent, beaucoup trop souvent, arrive la fin, la mort. Tout cela paraît bien courant, bien banal, une espèce de fatalité dont seraient victimes les femmes de toute éternité.  
Mais nous savons qu'il s'agit là d'une situation sociale aussi intolérable que le sont le viol et le meurtre en dehors du périmètre familial. Car, bien sûr, c'est dans la famille que ces crimes du quotidien ont lieu, ces " drames familiaux ". Depuis plusieurs années, je me bats pour faire reconnaître le "Délit de violences conjugales à caractère psychologique", car je sais que ces violences sont en amont de toutes les violences au sein du couple. Si l'on veut lutter contre les violences faites aux femmes, c'est cette violence précisément qu'il faut combattre. Alors je devrais être satisfaite, me réjouir de ce que le législateur se soit saisi de ce sujet. Je me réjouis, certes, mais, voyant le chemin choisi par les acteurs politiques, judiciaires, je suis très inquiète de ce que je peux constater dans la pratique. Car faire une loi, c'est bien. Qu'elle soit applicable et appliquée, c'est mieux. Le délit, tel qu'il existe aujourd'hui, ne prend pas en compte la réalité des violences à caractère psychologique, en laissant " au bon sens " du magistrat la définition des termes du délit. Outre le fait que le délit soit de ce fait inconstitutionnel, ce dont les pouvoirs législatifs et exécutifs ont l'air de parfaitement s'accommoder, cela conduit, inévitablement à une application des plus dramatiquement médiocre.


 Le délit de violence conjugale à caractère psychologique est formulé de la manière suivante aux termes de l'article 222-33-2-1 du Code Pénal : " Le fait de harceler son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin par des agissements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n'ont entraîné aucune incapacité de travail et de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 € d'amende lorsqu'ils ont causé une incapacité totale de travail supérieure à huit jours. Les mêmes peines sont encourues lorsque cette infraction est commise par un ancien conjoint ou un ancien concubin de la victime, ou un ancien partenaire lié à cette dernière par un pacte civil de solidarité. " 
La proposition que je soumets, depuis de nombreuses années, tant devant l'Assemblée Nationale, qu'au Sénat, et aux ministères successifs est la suivante : " La violence psychologique (ou harcèlement moral) est le fait d'imposer à son conjoint, son partenaire lié par un pacte civil de solidarité ou son concubin, de façon répétée, des propos ou comportements entraînant, des dommages ou souffrances de nature physique, sexuelle, psychologique, ou économique, y compris la menace de se livrer à de tels actes, la contrainte, la privation arbitraire de liberté, ayant pour objet ou pour effet de violer la dignité de cette personne, en créant à son encontre un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant" 
Or, force est de constater que les derniers travaux au Sénat n'auront pas permis, une fois de plus, d'appréhender la nécessité absolue que le délit soit défini dans ses éléments constitutifs. Il n'y a pas une seule ligne, pas un seul mot consacré aux violences psychologiques. 
L'impact mortel des mots a-t-il à nouveau été oublié ? N'est-ce pas nier leur terrible pouvoir ? Faut-il à nouveau rappeler, que sans une préparation psychique destinée à la soumettre, aucun individu n'accepterait la violence physique ?  
Je rappelais lors de mon audition devant la Commission Egalité homme/femme du Conseil de l'Europe en juin 2011 que : La violence psychologique est le ciment de la violence conjugale et doit être considérée comme l'équivalent psychologique du meurtre lorsqu'elle conduit au suicide. 
 En effet, un chiffre n'est jamais pris en compte : celui des femmes qui se suicident en suite des violences subies par leur conjoint. Il s'agit là du meurtre psychique, ce qu'il convient de nommer comme étant un " suicide forcé ". Le rapport Henrion notait, en 2001, que" la fréquence et l'intensité des scènes de violence augmentent avec le temps, pouvant aboutir au suicide de la femme ". Il cite également une étude américaine de 1991 selon laquelle les femmes victimes de violences conjugales feraient cinq fois plus de tentatives de suicide que dans la population générale. 
 Par des micro-violences, mensonges, sarcasmes, mépris, humiliations, puis par du dénigrement, isolement, état de dépendance financière, harcèlement, menaces, la victime est progressivement privée de tout libre arbitre et de regard critique sur la situation. Ce processus d'emprise entraîne chez la victime une abolition totale de ses capacités de jugement, qui la conduisent à accepter l'inacceptable, à tolérer l'intolérable. Et lorsque la soumission par les mots ne suffit plus au manipulateur, une fois que toutes les résistances psychiques de la femme ont cédé, la soumission par les coups intervient: l'agresseur a alors besoin de posséder le corps de l'Autre, posséder son esprit ne lui suffit plus. 
 Quand le corps est touché, c'est que l'esprit ne répond plus, n'offre plus de résistance, n'a plus de force. Quand la violence physique s'installe, processus irréversible, la femme est davantage emprisonnée, enfermée. Plus la violence physique augmente, moins la victime est à même de partir.  
Et privées de toute perspective d'échapper à leur conjoint violent et de tout espoir, il n'existe plus qu'une seule issue pour ces femmes : mettre fin à leurs jours.  
Quand la victime est acculée au suicide, on peut parler de suicide forcé, une notion qui a émergé en 2011 dans le cadre de la Commission égalité hommes femmes du Conseil de l'Europe. 

Ce crime peut et doit être condamné aujourd'hui sur le fondement " des violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner ", prévues par l'article 222-7 du Code Pénal et punies de quinze ans de réclusion criminelle. Cette motivation implique que la mort de la victime ait procédé des violences volontairement commises à son encontre et ne soit pas dues à une cause étrangère à celles-ci. Les violences peuvent être physiques mais également morales et psychologiques. Telle est la définition du SUICIDE FORCE.
 
C'est sur la base de cette infraction criminelle, que mon client, François SAUBADU, dernier compagnon de Kristina Rady, et moi-même, souhaitons que l'enquête sur son suicide soit poursuivie. 
Alors même que les suicides dus au harcèlement moral dans le droit du travail sont aujourd'hui reconnus, pourquoi tant de peur, pour qu'il en soit de même dans la sphère privée ? Pourquoi serait-ce plus complexe de voir admettre un lien de causalité direct entre les violences psychologiques subies par une victime et son suicide au sein du couple, que sur son lieu de travail ? 
Que répondre ? Oui, il s'agit bien d'un déni pur et simple des souffrances subis par ces femmes. Le constat est effrayant, effroyable, glaçant : Leur mort ne mérite pas que la justice s'en saisisse, pas plus qu'elle ne s'est inquiétée de leur vie.  
 Si la Justice reste aveugle et sourde, il est de notre devoir moral et citoyen de nous insurger contre cette passivité, cette inertie, en dénonçant tous faits de violences, pour sauver des vies, ou tous suicides qui sembleraient être la conséquence directe des violences, parce que la justice n'est pas qu'une institution, elle est aussi la mémoire des victimes. 
En tant que citoyenne d'abord, féministe ensuite, je ne me rendrais pas complice du crime contre l'humanité d'une seule femme. Et c'est dans cet esprit que j'ai signalé au Parquet, comme le permet l'article 40 du Code de Procédure Pénale : " Le Procureur de la République reçoit les plaintes ET dénonciations et apprécie la suite à leur donner. ", les violences dont selon toutes vraisemblances Kristina Rady avait été victime de Bertrand Cantat, l'affirmant elle-même dans un long message laissé à ses parents, violences pouvant être la cause de son suicide.  
J'invite chaque citoyen, témoins de violences conjugales, à signaler ces faits au Parquet. 
Se taire, c'est être complice de cette violence, pire c'est se rendre coupable de non-assistance à personne en danger. La victime se tait souvent, détruite psychiquement, parce qu'elle ne vit déjà plus. Elle est déjà morte psychiquement, elle est déjà morte dans son âme, dans son esprit. Et se suicider c'est faire cesser cette souffrance.  
Mais, du plus profond de son être, elle espère qu'une main lui soit tendue. Et parfois, de sa tombe, la victime continue de hurler ses souffrances que personne n'a voulu entendre.  
Pour celles qui n'ont plus la force de vivre, pour celles qui n'ont plus la force de parler, pour toutes celles qui en sont mortes.  
-Audition de la Commission égalité de l'APCE sur la violence psychologique. " La violence psychologique est le ciment de la violence conjugale "  
-Audition devant l'Assemblée Nationale - 13/05/2009  
-Audition devant la Commission des Lois du Sénat - 17/06/2010 
- Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique - Istanbul, 11/05/2011 

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